Découvertes

L’incroyable diversité des appellations de rosés provençales

Les rosés de Provence sont les stars de l’été mais ils font souffler un vent de bonheur toute l’année. Avec une exceptionnelle diversité, ces vins produits dans une région magnifique du sud de la France, sont à redécouvrir, tant leur caractère est agréable et leur palette aromatique génératrice de bien être.

Les images frôlent parfois la perfection. Le terroir méridional rayonne par ses conditions naturelles hors pair. Les vignes côtoient des reliefs inoubliables, des côteaux, des maquis sur sol cristallin ou encore des garrigues sur sol calcaire. Dans ce paysage quasi idyllique, le climat méditerranéen est tout aussi favorable. Ensoleillé, sec et chaud, il offre aux vignes 2800 heures de soleil par an. Portés par ces atouts naturels, une vraie dynamique et un marché porteur au niveau mondial, les viticulteurs provençaux subliment leurs compétences dans la production de rosés de qualité, équilibrés et différents. Une remarquable palette de cépages réunit grenache, syrah, mourvèdre, cabernet-sauvignon, carignan, cinsault et tibouren, un historique du bassin méditerranéen reconnaissable à sa couleur saumon pâle. La région décline 87% de rosés, 9% de rouges et 4% de blancs sur une superficie totale de 27 000 hectares. Fortes de 40% de la production nationale de rosés, les trois grandes appellations, Côtes-de-Provence, Coteaux d'Aix et Coteaux Varois fournissent environ 5,6% du marché mondial. Les cinq appellations communales, Cassis, Bandol, Palette, Les Baux-de-Provence et Bellet ont leur propre personnalité avec des rosés de caractère et d’excellence. Ce savoir-faire et cette expertise permettent à la région de marquer son rôle majeur dans une filière porteuse et ouverte au monde, au plus près des besoins et des envies des consommateurs.

 

Domaine des Bergeries de Haute Provence : des rosés de terroir

Niché entre les parcs naturels régionaux du Luberon et du Verdon, le Domaine des Bergeries de Haute-Provence s’est imposé comme un des plus beaux sites d’œnotourisme de la région. Ses anciennes bergeries rénovées et ses espaces détente offrent une vivifiante ambiance cocooning. A sa tête, Jean-Luc Monteil et Éloïse Massot ont réalisé leur premier millésime en 2020. En culture biologique et biodynamique, les vendanges sont effectuées intégralement à la main, avec onze cépages différents sur une terre vierge de tout intrant chimique. « Nos rosés se caractérisent par leur fraicheur issue d’un terroir à 600 mètres d’altitude », exprime Éloïse Massot. « La vinification s’effectue en levure naturelle, avec par exemple pour notre cuvée Terracotta, un élevage de six mois en amphore ». Avec le réchauffement climatique, ce terroir de semi-altitude démontre son efficience à produire des vins naturellement frais et équilibrés. « Nous voulons produire des rosés de terroir, fins, délicats, avec du plaisir », poursuit Jean-Luc Monteil. « Nous avons fait le pari, notamment, de relancer un rosé réalisé quasi-exclusivement à base de syrah, avec un style croquant et gourmand et une robe plus soutenue qui peut surprendre ». Si avec 20%, l’export constitue encore une part réduite de l’activité, il offre de beaux marchés en Europe du Nord et dans les Antilles.

 

Un vigneron du Domaine des Bergeries de Haute Provence en action.

Un vigneron du Domaine des Bergeries de Haute Provence en action.

 

Jean-Luc Monteil et Éloïse Massot en famille.

Jean-Luc Monteil et Éloïse Massot en famille.

 

 

Domaine de l'Olivette : l’art du caractère

Dans un amphithéâtre de beauté, la majesté des terres offre un saisissant contraste à la mer Méditerranée. Dans la même famille depuis le XVIIIe, le Domaine de l’Olivette s’est construit au cours des générations pour atteindre aujourd’hui 55 hectares implantés sur les coteaux du Castellet. Au cœur de l’appellation Bandol, la culture de la vigne est traditionnelle. Les interventions raisonnées sur la fertilité biologique du sol avec uniquement des amendements naturels sont réalisés sans désherbants chimiques, ni insecticides. Dixième génération, Jean-Luc Dumoutier et son épouse Élisabeth, ont entrepris une modernisation importante de la cave qui est désormais équipée des matériels les plus performants. « Nos rosés de caractère s’invitent à un apéritif accompagné de tapas et surtout à un repas avec des plats épicés, des viandes grillées, des poissons au four ou des salades méditerranéennes, analyse Jean-Luc Dumoutier. Les Bandol sont des assemblages qui dévoilent une très belle complexité. Le mourvèdre apporte toute la typicité avec sa charpente et ses notes épicées. » Le sol argilo-calcaire et une vendange en vert, contribuent à la limitation des rendements ce qui favorise les concentrations. Cette exigence constante aboutit à une gamme structurée et fine, dont la complexité aromatique s’invite au plus près des saveurs des mets associés.

 

Le Domaine de l'Olivette

Le domaine avec au font le Bec de l’Aigle qui culmine à 155 mètres.

 

Jean-Luc Dumoutier, propriétaire du domaine de l'Olivette.

Jean-Luc Dumoutier, propriétaire du domaine.

 

 

Estandon Coopérative en Provence : une histoire collective

Depuis plus d’un demi-siècle, les 300 vignerons d’Estandon mettent en commun leur connaissance des terroirs pour exprimer toutes les émotions de la Provence. Cet esprit coopératif prend forme et saveur dans l’élaboration de flacons qui invitent au partage et à la convivialité. Sur 2500 hectares, 20 millions de cols sont produits chaque année dont 90 % en rosés. La coopérative atteint 10% de la production totale de Provence et 20% de la mise en marché du vrac. Cette production reflète l’engagement des vignerons pour l’environnement, ce qui permet avec 30% de la récolte certifiée, d’être la première coopérative de vins Bio en Provence. L’entreprise s’est engagée dans une démarche d’éco-conception pour sa nouvelle gamme bio réalisée avec des contenants allégés, une capsule biosourcée et des étiquettes qui réduisent le grammage des papiers utilisés. « Nos rosés se calquent sur l’appellation », explique Gaétan Hawadier, directeur marketing. « Ils sont le fruit d'une riche histoire, d'une terre incomparable et d'un climat distinct. Ils reflètent le travail collectif, un profond respect pour la terre et l’humanité ». Les parcelles de vignes se mêlent avec harmonie aux amandiers, oliviers, chênes truffiers, champs de lavande et pins parasols, dans des paysages variés et singuliers. Présente dans plus de 40 pays, la coopérative connaît un franc succès aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne et aux États-Unis.

 

Clémence, vigneronne au Thoronet.

Clémence, vigneronne au Thoronet.

 

Guy, vigneron à Brignoles.

Guy, vigneron à Brignoles.

 

Vendanges à Estandon.

Vendanges à Estandon.

 

 

Château Margüi : un environnement unique

Parmi les grands domaines de Provence, le Château Margüi constitue une exceptionnelle immersion dans un environnement unique au coeur de la nature. Construit en 1784, le château présente tous les attraits des bastides bourgeoises de l’époque. Ses 600 m² sur trois étages surplombent un jardin à la française relié par un escalier magistral. Ce lieu paisible au milieu des senteurs de lavande, de chênes centenaires et d’oliviers bercés en été par le chant des cigales, bénéficie de trois sources naturelles qui alimentent les vignes. Elles nourrissent une terre fertile que les vignerons travaillent avec passion avec des Coteaux Varois aromatiques, complexes et une belle fraîcheur. « Le contraste entre les températures du jour et de la nuit influence le mûrissement des raisins ce qui donne des maturités phénoliques intéressantes », analyse Yann Jouët directeur. « La diversité des cépages sur nos 28 parcelles permet de s’adapter à chaque millésime, tout en élégance, avec un joli fruit et des notes florales sans trop d’agrumes et de jolis amers en fin de bouche ».

 

Yann Jouet, directeur général du Château Margüi.

Yann Jouet, directeur général du Château Margüi.

 

La cave et ses tonneaux du Château Margüi.

La cave et ses tonneaux du Château Margüi.

 

 

La Bastide des Terres Blanches : les vertus du cinsault

À 300 mètres d’altitude, le village de Flayosc arbore un sublime décor de collines et d’oliveraies entre mer et montagne. Sur un terrain d’argile calcaire, entouré de bois avec 150 oliviers et des chênes truffiers, Alain Sarran et son épouse Ghislaine ont acheté en 2018, La Bastide des Terres Blanches, un domaine de huit hectares dont deux de vignes en production. « Notre vision est celle d’une culture bio dans un environnement certifié Haute Valeur Environnementale », explique Alain Sarran. « Cet engagement implique de privilégier des rendements faibles, mais avec une qualité optimum, Nos rosés ont pour cépage majoritaire le cinsault, ce qui donne un vin clair, léger avec une acidité faible, fruité et agréable de l’apéritif au dessert ». Avec un vrai talent et en seulement six ans, ce domaine répond à une demande croissante des consommateurs, tout en restant en phase avec les standards de l’appellation au plus près de la qualité.

 

Ghislaine et Alain Sarran.

Ghislaine et Alain Sarran.

 

   Une vendangeuse de la Bastide des Terres Blanches.

Une vendangeuse de la Bastide des Terres Blanches.

 

 

Château Paquette : le terroir des Côtes-de-Provence

Depuis maintenant 72 ans, l'histoire du Château Paquette se confond avec celle d’une famille de vignerons qui traversent les générations. Niché dans la pinède, le domaine semble posé sur la roche volcanique de l'Estérel, au rythme des embruns marins. Ici, la cave a gardé son identité originale comme le symbole d’un savoir-faire construit depuis trois générations. « Nous sommes attaché au terroir et à son origine géologique unique », souligne Jérôme Paquette. Le climat spécifique bénéficie d’un régime de vent particulier qui combine le mistral au génois, les brises maritimes et le vent des montagnes qui vient des premiers contreforts des Alpes durant la nuit ». Les cépages expriment et concentrent les apports du terroir comme le tibouren. Son expression finement épicée s’allie au fruit blanc délicat du grenache et à la structure du mourvèdre. « La vinification se fait le plus sobrement possible », reprend Jérôme Paquette. « Je n’utilise pas de sulfite durant les opérations, ni aucun artifice de type inertage. Les tibourens et grenaches sont macérés deux à trois heures selon les millésimes. Les mourvèdres sont généralement pressés directement ». Le résultat est saisissant avec des cuvées d’une grande complexité aromatique sans intensité excessive, un beau volume et une parfaite texture en bouche.

 

L’équipe du Château Paquette.

L’équipe du Château Paquette avec Jérôme Paquette à droite.

 

 

Vignobles Ghigo, Domaine de Château Vert : les notes de plaisir

Entre le massif des Maures et la Méditerranée, les vignes profitent d’un microclimat marin très favorable. La pluviométrie faible s’accompagne d’un ensoleillement généreux et de vents assez forts. Cadastré dès le XVIIe siècle, le domaine de Château Vert symbolise la couleur de son nom, avec une pinède de plusieurs hectares typique de la région. Acquis par Robert Ghigo en 2010, il comprend 40 hectares dont 30 de vignes en agriculture biologique dans une implantation assez atypique en bord de mer et désormais en ville du fait de l’urbanisation. « Tout à un impact, la typologie du sol, la proximité avec la mer qui apporte avec ses embruns maritimes, des caractéristiques propres comme le côté iodé et une belle acidité », analyse Camille Ghigo, fille de Robert Ghigo. « À cela s’ajoute l’amour et l’attention que nous portons à chaque étape de fabrication ».

Notre gamme s’étend de l’IGP Var, avec la cuvée Sabine, conviviale et agréable, au Côtes-de-Provence rosé, plus complexe avec des notes marquées d’agrumes et la cuvée Séduction, tout en gastronomie avec une belle complexité. « Chaque référence est impactée par les cépages utilisés et l’âge des vignes », détaille Camille Ghigo. « Elle reflète la sélection parcellaire, avec différents types de sol, plutôt sableuse pour l’IGP et argilo-schisteuses pour les autres appellations ».

 

Robert Ghigo en dégustation.

Robert Ghigo en dégustation.

 

Camille Ghigo aux Vignobles Ghigo.

Camille Ghigo, fille de Robert Ghigo qui a acquis le domaine en 2010.

 

 

Château Coussin : une histoire de racines

La généalogie rappelle la présence de la famille Sumeire dans le village de Trets dès 1238. Avec son frère Olivier Sumeire, Sophie Sumeire-Denante tient désormais les rênes de ce domaine unique sur le flanc sud de la Montagne Sainte-Victoire, dont les sols argilo-calcaires associés à un microclimat continental marquent de leur empreinte des rosés raffinés. « Ce terroir où nous avons nos racines, est considéré comme l'un des plus naturels de France. Il présente des caractéristiques géo-climatiques très spécifiques sur des sols constitués essentiellement de calcaire et de grès argileux avec une charge caillouteuse importante », détaille Sophie Sumeire-Denante. « Pauvres et bien drainés, légèrement en altitude, ils sont propices à la culture de la vigne. Tout est mis en œuvre, grâce à un travail de sélection sur le terrain, puis en cave, pour vinifier des millésimes équilibrés, élégants et fins ». Un des grands objectifs à Coussin, est de préserver la fraicheur caractéristique du massif de la Sainte Victoire, combinée à la valeur ajoutée d’un savoir-faire familial de huit générations de vignerons enracinés à Trets en Provence.

 

Sophie Sumeire Denante et son frère Olivier Sumeire.

Sophie Sumeire Denante et son frère Olivier Sumeire.

 

Olivier Sumeire dans ses vignes.

Olivier Sumeire dans ses vignes.

 

 

Château de Beaupré : la nature avant tout

La belle histoire de ce domaine familial débute en 1855 au cœur des Coteaux d’Aix-en-Provence avec l’acquisition par Émile Double de Beaupré. Ce lieu constitue une halte charmante pour sa famille et un relais pour ses chevaux lors de ses déplacements. Au fil des années, la dimension viticole se développe dans une nature diversifiée et généreuse, entre vignes, platanes centenaires et sources naturelles. Il faut toutefois attendre 1971, pour que Christian Double, jeune ingénieur et son épouse Marie-Jeanne, prennent la tête de l’exploitation et développe l’activité viticole. Dynamique et inventif, il revient aux méthodes ancestrales de vinification qui permettent aux raisins d’exprimer leurs meilleurs arômes et tannins. " À l’aube du XXIe siècle, sa fille, Phanette Double, le rejoint. Après avoir pris en 2003 les rênes du domaine, qu'elle convertit entièrement à l'agriculture biologique en 2013, elle fête cette année ses vingt ans de vinification à Beaupré avec une nouvelle cuvée au caractère libre et spontané. « La matière et la maturité caractérisent nos rosés », note-t-elle. « Le terroir argilo-calcaire donne une belle fraîcheur et le climat permet à nos raisins une belle maturité. Nous choisissons de travailler avec le grenache et le cinsault pour leur finesse. La syrah en pressurage direct révèle de belles notes épicées ».

 

L'équipe du Château de Beaupré.

Beaupré-Renaud Alouche : Marie-Jeanne et Christian Double, avec au centre Phanette Double, gérante du Château Beaupré.

 

   Phanette Double dans ses vignes avec son chien.

Phanette Double dans ses vignes avec son chien.

 

 

La Provence, leader naturel

Pas de doute, les viticulteurs provençaux ont su élargir leur offre. La diversité de terroirs et de styles est au rendez-vous. Aux côtés de l’entrée de gamme agréable à petit prix, voisinent de vraies perles de terroir, à faible rendement, très travaillées, grâce notamment à une maîtrise des techniques de vinification. Parmi ses autres atouts, la couleur cible une véritable identité. Ces perles provençales se caractérisent par une robe claire, lumineuse, comme un symbole de transparence et de limpidité. Sans être un critère d'achat déterminant, cette caractéristique constitue un repère facile pour le consommateur, notamment par rapport à d’autres régions françaises ou étrangères à la teinte plus foncée. Par ailleurs, dans un marché porteur, même si le covid est passé par là, les rosés de Provence font figure de locomotives et permettent une ouverture sur le monde en constituant de parfaits accords avec les cuisines thaïlandaise, japonaise, indienne ou même d ‘Afrique du Nord. Un plaisir quasi universel qui devrait encore se développer sur des marchés comme l’Asie encore très peu consommatrice.