Tim Burton : gothique et épicurien

Cela vous fait quel effet d’être à Lyon, capitale mondiale de la gastronomie ?

C’est la première fois que je viens ici ! L’accueil est fantastique. Je viens d’avoir un petit avant-goût de la gastronomie locale en débarquant dans ma chambre. J’ai aussi bu des vins tellement bons, notamment des Beaujolais et des crus jurassiens, dont j’ignorais absolument qu’ils pouvaient exister sur Terre. Vous les Français, vous savez recevoir. On m’a servi des vins extraordinaires. Des vins qui auraient réveillé un mort et qui lui aurait permis de voir la vie en couleurs. Et croyez-moi, je sais de quoi je parle !  Je suis quelqu’un qui s’est spécialisé dans le gothique et parfois le macabre. Les Ténèbres, je connais ! J’en ai même fait mon fonds de commerce ! (rires)

En vous regardant, on se dit pourtant que vous n’avez pas l’air de quelqu’un d’épicurien ?

Méfiez-vous des apparences. Ce n’est pas parce que je suis toujours vêtu de noir que je ne sais pas apprécier la bonne chère et les bonnes choses de la vie. Nous ne sommes que de passage sur cette Terre et tant qu’à faire, je ne vois pas pourquoi je me priverais de bons petits plats et de bons petits vins ! La différence peut-être avec certains, c’est que je ne suis pas un gros mangeur ! Je picore. Mais ce que je picore ou ce que je bois tournent autour de produits de qualité ! Je préfère me priver que de consommer n’importe quoi ! Je ne veux pas être un vulgaire tube digestif qui se remplit !

Quand vous savourez un bon vin, ce n’est donc pas dans un château digne de Dracula ?

J’évite parce que je ne voudrais pas que le rouge excite notre ami Dracula et lui donne des idées ! Le vin, je le consomme avec mes amis pour mieux figer le temps en leur délicieuse compagnie. Généralement après avoir vu un bon film. L’association vin et film, je trouve que ça se marie bien ! Je ne cherche pas à comprendre pourquoi ? C’est juste comme ça !

D’où vous vient votre créativité débridée ? Du vin ?

Je suis sûr que cela ne peut pas me faire du mal ! (rires). Vous savez, je ne souhaite pas être un artiste torturé ! Vivre dans la noirceur en permanence cela ne m’intéresse pas. Je pense néanmoins que nous avons besoin d’une énergie conflictuelle pour donner le meilleur de nous-même. Comment la créativité arrive ? J’ai suivi des millions de thérapies et je n’ai toujours pas trouvé de réponse à ce jour !

La plus grosse frayeur de votre vie et par opposition le plus beau moment de votre vie c’est quoi ?

Quand je mange de la purée de pomme de terre, je me trouve dans une zone de confort ! (rires). Idem quand je bois une bouteille de Bordeaux en compagnie de gens qui ont conscience de ce que je leur sers ! Voir, par exemple, quelqu’un qui ne finit pas son verre, m’attriste ! C’est vrai quoi, c’est une insulte pour tous ceux qui n’ont pas la chance de boire de bons crus et aussi ceux qui l’ont mis en bouteille ! Je vous rassure, je n’en suis pas non plus arrivé au stade où je collectionne les bouchons ! 

Vous dormez bien la nuit ?

Là aussi, cela dépend de mon dîner. Si le repas était savoureux et les vins « aériens », il y a de grandes chances pour que mes rêves soient top ! Au fond, j’ai un sommeil très variable ! Très changeant ! Je peux très bien m’effondrer comme un roc ou ne pas fermer l’œil de la nuit. Vous ne pensiez tout de même pas que je dormais dans un cercueil et que je venais d’acquérir un cimetière en Transylvanie ! Précision : je ne dors pas non plus avec une bouteille de Petrus sur ma table de chevet !

Propos recueillis à Lyon, au Festival Lumière, par Frank Rousseau, notre correspondant aux Etats-Unis.

Tim Burton et Frank Rousseau au Festival Lumière.