Michael Douglas : « Le vin, je l’ai découvert et apprécié en France »

Dans « Harcèlement », tourné en 1994, vous aviez une scène avec Demi Moore qui impliquait une bouteille de vin très particulière…

Oui. Il s’agissait d’une bouteille de Pahlmeyer Chardonnay Napa Valley 1991. Un vin très difficile à trouver. Dans son livre Michael Crichton faisait état d’un cru incroyablement compliqué à obtenir. Sans pour autant citer son nom. Le scénariste Paul Attanasio avait lu un article dans lequel on parlait d’un vin très prisé. Mais il ne le trouva pas. C’est finalement Demi Moore qui réussira à dénicher un magnum de Pahlmeyer Chardonnay 1991.  Elle confia le magnum au réalisateur Barry Levinson. La scène fût tournée. Le vin devint une star à Hollywood et fit connaître le vignoble dans le monde entier. Ce dernier n’augmenta pas pour autant la production. Ce qui le rendit encore plus rare. Pour l’anecdote, Barry embarquera le magnum et ne le partagera pas avec l’équipe ! (rires)

Michael Douglas.

Est-il vrai que sur le tournage de « 20 000 lieues sous les mers », votre papa, le regretté Kirk Douglas qui incarnait un marin, consommait du vrai rhum ?

C’était la première fois que je voyais quelqu’un de saoul jouer d’une guitare en carapace de tortue ! (rires). Mon père incarnait un gars porté sur la bouteille ! Il était très convaincant. Mais c’était de l’eau ! Un jour, je lui ai demandé ce qu’il buvait sur le set des « Vikings », il m’a juré que c’était du jus de raisin. Vous savez quoi ? J’ai des doutes !  Kirk était, comme vous le savez, très francophile. Sa connaissance des vins français était d’ailleurs à l’image de sa carrière : phénoménale !

En 2010, une biopsie a révélé que vous aviez un cancer de la langue ! Pour l’épicurien que vous êtes ce fut un coup dur non ?

Après le diagnostic, j’ai subi pendant deux mois un programme intensif de chimiothérapie et de radiothérapie. Les rayons ont brûlé l’intérieur de ma bouche, au point que m’alimenter était devenu presque impossible. Quand je buvais du Tempranillo, j’avais l’impression de boire un breuvage horrible. Je ne percevais plus les arômes de cerises, les parfums de baies mûres, le fruité de ce vin emblématique de la Rioja que j’apprécie tant. J’ai depuis récupéré mes sensations gustatives.

Michael Douglas et sa femme, Catherine Zeta-Jones.

Les vins français trouvent-ils grâce à vos yeux ?

Bien évidemment ! Le vin, je l’ai découvert et apprécié en France. C’était bien avant que je participe au Festival de Cannes. Jeune étudiant, j’avais décidé de m’offrir un petit voyage en auto-stop à travers l’Europe. Nous devions rejoindre Sam Spiegel, un ami de mon père qui possédait un yacht à Saint-Tropez ! A bord, Sam m’a servi du rosé bien frais ! Ce fût une révélation ! C’est aussi avec une bonne bouteille de rosé que j’ai fait craquer, au Festival de Deauville, celle qui allait devenir ma femme et la mère de mes enfants ! Quand j’ai su que Catherine (Zeta-Jones) s’apprêtait à repartir pour l’Ecosse pour le tournage de "Haute voltige", je me suis arrangé pour qu’elle reçoive sur place, une monumentale composition de roses et une bouteille de… rosé !

Vous qui avez joué le trader Gordon Gekko dans « Wall Street », vous nous conseilleriez d’investir dans quoi ?

J’imagine qu’investir dans l’or est plus facile que de miser sur le vin ! Forcément, vous n’êtes pas tenté de boire votre capital ! (rires) Mais quand je vois les sommes qu’atteignent certains crus de prestige, je me demande s’il ne vaut pas mieux mettre des bonnes bouteilles dans une cave que des lingots dans un coffre-fort !

Michael Douglas avec Frank Rousseau.