Kyle MacLachlan : acteur et aussi producteur… de vin !

Comment avez-vous vu évoluer la télé ces dernières années ?

Lorsqu’on nous avons lancé « Twin Peaks », Internet et les réseaux sociaux ne connaissaient pas l’engouement qu’ils suscitent aujourd’hui. Cela n’a pas empêché cette série d’avoir un succès considérable. Elle n’a pas seulement influencé les acteurs, les réalisateurs, elle a permis à des scénaristes, des producteurs, des patrons de studio, de chaînes de télé de ne plus avoir peur d’oser !

Avez-vous l’impression que David Lynch vous a fait grandir artistiquement ?

Sans le moindre doute ! La première fois que j’ai rencontré David, j’avais 23 ans. J’étais un jeune homme naïf et inexpérimenté. Par contre, j’ai tout de suite senti que j’étais en présence de l’un des plus grands génies de son temps, un artiste hors-norme. « Twin Peaks » étant son chef d’œuvre ! Le point culminant de sa carrière ! David a su créer un univers qui lui est propre. Il a su transposer son monde à travers des films, une série mais aussi la photographie. Le monde de David n’est pas limitatif, il est expansif ! Il ne faut pas oublier que lorsque « Twin Peaks » a été diffusé la première fois, c’était un OVNI télévisuel. Personne avant lui n’avait autant révolutionné la télé ! Personne avant lui n’avait proposé un programme de cette qualité dans ce format !

Dans un autre registre, qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans la production de vin ?

Je partageais mon temps entre New York et Los Angeles et il est arrivé un moment dans ma vie où je me suis dit qu’il était temps de me poser. J’ai grandi dans l’Etat de Washington au côté d’un père qui adorait se rendre dans les vignobles. Quand on parle de vin aux Etats-Unis, on songe tout de suite à la Californie et à Napa Valley. Pourtant, je peux vous assurer que le vin des vallées de Columbia, de Yakima et de Walla Walla sont tout à fait intéressants. L’Etat de Washington est le deuxième État américain producteur de vin. J’ai toujours aimé boire du vin, depuis que je suis à l'université. Un jour, j’ai senti que j’avais besoin de retrouver mes racines. J’ai pris quelques semaines de congé et je me suis fait une tournée de dégustation à Walla Walla et Lowden et dans certaines régions aux alentours. Ce fût comme l’on dit une révélation. J’ai décidé alors de me lancer dans la production de mon propre cru avec un copain d’enfance.  Le vin s’appelle « Pursued by Bear », depuis 2005. Le nom fait référence à Shakespeare «  Exit, pursued by a bear ». J’avais d’abord envisagé débuter ce business en Californie, mais j’ai très vite compris que c’était une fausse bonne idée. A Napa, la compétition est très féroce !

Etes-vous très impliqué dans le processus de vinification ?

Je suis très impliqué car le vin, ce n’est pas quelque chose que pouvez faire en pointillé ou entre deux projets. C’est une vraie dévotion. Je suis présent pour la vendange, les assemblages et la mise en bouteille.

Est-il vrai que David Lynch et vous adorez parler vin quand vous vous retrouvez ?

David est un passionné comme moi. Il boit majoritairement du rouge. C’est un vrai connaisseur. Pour la petite anecdote, c’est lui qui m’a offert ma première bouteille de très bon Bordeaux. Je venais juste  d’auditionner pour le film « Dune ». Nous devions être en 1983. Il voulait absolument me faire découvrir le château Lynch-Bages. C’est un domaine viticole réputé situé à Pauillac en Gironde. David n’a aucun rapport de quelque nature que ce soit avec cette propriété, il trouvait juste marrant qu’un vin porte partiellement son nom. Toujours est-il qu’il venait de m’offrir l’un des plus grands crus de Bordeaux ! Je peux vous assurer que je l’ai dégusté jusqu’à la dernière goutte !