Portrait

Bodega Inurrieta, une pépite en Navarre

Étoile montante de la région, la bodega Inurrieta, avec ses multiples récompenses à l’international, sa gamme variée de vins et ses équipements modernes, est un bel exemple du renouveau de la Navarre et de son affirmation sur les marchés viticoles mondiaux. Portrait d’une jeune bodega sur la pente ascendante.

Une équipe engagée pour une production durable. La bodega est équipée de nombreux panneaux solaires, d’un système de traitement des eaux usées

Une équipe engagée pour une production durable. La bodega est équipée de nombreux panneaux solaires, d’un système de traitement des eaux usées.

 

 

Si son histoire est assez récente, puisqu’elle fut fondée en 1999, la bodega Inurrieta n’a rien d’une débutante. Avec ses presque 300 hectares de vignes plantées tout autour de la propriété et son impressionnant chai à barriques dotés d’outils de régulation innovants, la maison a de quoi impressionner. Et pourtant, dans ce domaine de la Ribera Alta, en plein cœur de la Navarre, rien ne se fait dans l’ostentation. On est même loin des design spectaculaires de certains établissements viticoles de la région. Ici, les critères œnologiques ont la priorité. Tout a été pensé pour faciliter le transfert des raisins et la production de vins de qualité. 

 

La qualité passe aussi par des équipements impeccables

La qualité passe aussi par des équipements impeccables.

 

 

Une viniculture respectueuse donc, qui poursuit un travail attentif et soigné dans les vignes. Et l’on n’est pas étonné, lorsque l’œnologue de la bodega, Eider Rodríguez, souligne avant tout le caractère exceptionnel du terroir, pour expliquer le profil unique de ses vins. Car si l’ensemble des vignes se trouve à moins de 5 km de la bodega, le vignoble n’a rien d’un lot homogène. “Nous n’avons pas moins de sept types de sols, avec jusqu'à 200 mètres de dénivelé. Et puis les parcelles à proximité du fleuve ne se comportent pas de la même façon que celles sur les pentes ascendantes. Ces différents paramètres nous offrent une diversité extraordinaire, qui nous permet ensuite de produire des vins aux caractéristiques différentes”.

 

L’œnologue Eider Rodríguez

L’œnologue Eider Rodríguez.

 

 

Bien sûr, cultiver 300 hectares de vignes exige un travail assidu durant l’année, mais au moment des vendanges, la tâche est comme simplifiée, nous explique Eider, “car nous pouvons récolter chaque variété et même chaque parcelle au moment optimal, tout en passant très rapidement les raisins du vignoble au chai”. Posséder ses propres vignes, c’est aussi bien sûr “toute une déclaration d’intention”, l’affirmation d’une volonté de faire les choses bien, de prendre soin de sa matière première, toujours dans le respect de l’environnement. Plusieurs techniques vertes de viticulture ont d’ailleurs été mises en place, comme les couvertures végétales pour éviter l'érosion, l’emploi des phéromones pour lutter contre les vers de la grappe ou du fumier de mouton pour fertiliser les sols, ou encore l’utilisation des PCR (Polymerase Chain Reaction), un outil moléculaire, pour surveiller l’oïdium. La présence des oiseaux insectivores, des oiseaux de proie et des chauves-souris est aussi facilitée grâce à l’installation d’abris adaptés et de nids. 

 

La technique du bâtonnage

La technique du bâtonnage.

 

 

Des pratiques durables qui s’inscrivent dans l’ère de l’agriculture connectée. La bodega dispose de stations agro-météo et de systèmes intelligents pour être informée en temps réel du climat et des risques parasitaires sur les cultures. Elles sont notamment particulièrement utiles pour contrôler l’humidité du sol et gérer de façon efficace l’irrigation. Ces outils innovants permettent de rationaliser toutes les opérations et, finalement, de réduire l’action de l’homme. 

 

Jabier Marquínez, œnologue de la bodega

Jabier Marquínez, œnologue de la bodega.

 

 

Ce même principe se retrouve, dans la cave de la bodega, tout au long du processus de vinification. “La technologie nous permet de transformer des raisins de qualité en grands vins avec un minimum d’intervention” nous confie Eider. Pressoirs pneumatiques, cuves inox, contrôle des températures… Des systèmes modernes qui sont habilement combinés à des techniques héritées d’un savoir-faire historique et local. Les rosés sont, par exemple, élaborés suivant la méthode de la « saignée », typique en Navarre, alors que les baies destinées aux vins rouges sont égrappées et foulées de façon traditionnelle.

D’ailleurs, la bodega se trouve actuellement plongée, nous commente Eider, dans un projet de récupération de cépages très anciens, dont beaucoup n’ont même pas de nom, afin de trouver les variétés les plus intéressantes sur le plan organoleptique et les mieux adaptées au nouveau scénario climatique. “Cette année, nous allons élaborer, pour la première fois, des vins issus de 10 cépages”.

 

Les vins fermentent pour la plupart dans des cuves en acier, excepté quelques-uns en fûts de chêne français

Les vins fermentent pour la plupart dans des cuves en acier, excepté quelques-uns en fûts de chêne français.

 

 

Mais ce n’est pas tout. La bodega s’est toujours illustrée par son dynamisme dans les travaux de recherches pour améliorer la culture des vignes. Ces derniers temps, elle s’est particulièrement focalisée sur l’emploi des levures, dans le vignoble, afin de lutter contre le botrytis, et travaille à l’élaboration de ses propres levures pour y parvenir. 

 

La famille Antoñana, propriétaire de la bodega, cultivait déjà des vignes il y a presque un siècle

La famille Antoñana, propriétaire de la bodega, cultivait déjà des vignes il y a presque un siècle.

 

 

Cette fervente activité combinée à un souci permanent de la qualité a porté ses fruits, puisque la bodega multiplie les récompenses aux quatre coins du globe. Huit médailles d’or lui ont d’ailleurs été attribuées lors du dernier International Challenge Gilbert & Gaillard. Appréciée dans le monde, elle exporte plus de 30% de sa production, principalement en Europe et au Japon, mais aussi, en Chine, aux États-Unis et en Amérique centrale. Car s’il est vrai que la Navarre est une région viticole historique, la consommation de ses vins s’est pendant longtemps limitée au marché local, et dans une moindre mesure, au marché national, nous explique Eider. “Les exportations ont été un grand allié pour la région.” Et si aujourd’hui, la Navarre semble bien décidée à se faire une place de choix dans le firmament vinicole mondial, la Bodega Inurrieta lui montre le chemin. 

 

Le domaine possède ses propres vignes

Le domaine possède ses propres vignes.