Portrait

Adega Cooperativa do Cartaxo, une success story portugaise

Les temps ont bien changé depuis que la coopérative Adega do Cartaxo, qui fête ses 70 ans, a été créée. D’une entreprise de 22 vignerons qui vendaient principalement en vrac, elle est passée à 168 associés, avec un chiffre d’affaires qui se compte en millions, et des vins qui se vendent aux quatre coins du monde. Retour sur cette histoire à succès.

L’Adega Cooperativa do Cartaxo occupe aujourd’hui 800 hectares situés dans le Tejo, l’une des plus anciennes régions viticoles portugaises, à 55 km de Lisbonne. Le vignoble se divise en deux zones principales nous explique Pedro Gil, l’œnologue de la maison depuis 1998 : le "campo", un terrain alluvial proche du fleuve Tejo, au climat modéré et aux sols bien drainés, propice à l’élaboration des vins blancs, rosés et effervescents, et le "bairro", plus complexe avec ses micro-terroirs aux conditions édapho-climatiques diverses. Dans cette zone favorable à la conception des vins rouges, qui forment d’ailleurs la plus grande production de la maison (80% contre 20% pour les blancs), les sols argilo-calcaires prédominent, même si on y trouve aussi quelques grès. 

 

Douze millions de kilos de raisins sont annuellement récoltés de cet imposant vignoble du centre du Portugal. L’équipe technique de Pedro Gil veille à fournir un soutien permanent aux vignerons de la coopérative qui produit dix millions de litres de vin annuellement. Rouges parcellaires, monocépages, liquoreux, effervescents issus de vendanges tardives, éditions limitées… Le portefeuille de la maison est d’une grande diversité à l’image des raisins cultivés en son sein. Les cépages autochtones, comme le fernão pires, l’arinto (pour les blancs) ou encore le castelão et le trincadeira (pour les rouges), y côtoient les variétés internationales, comme le chardonnay, la syrah ou le merlot. Notez que cet encépagement noble n’est pas le fruit du hasard. Il y a environ deux décennies, la coopérative a choisi de remplacer les cépages hybrides ultra-productifs, qui constituaient principalement le vignoble, par des variétés au rendement plus faible, mais de qualité bien supérieure. 

 

L’œnologue Pedro Gil.

L’œnologue Pedro Gil. 

 

 

“Nos vins” ont, en raison du terroir qui les a vus naître, “une identité bien affirmée”, commente Fausto Silva, directeur commercial de la coopérative. “Nous produisons des raisins équilibrés dotés d’une bonne acidité, ce qui donne des vins complexes, frais et harmonieux en bouche, avec une finale persistante. Très agréables à la consommation, ils offrent un excellent rapport qualité-prix”. Car ça fait maintenant une vingtaine d’années, que la coopérative a commencé la rénovation de ses installations et depuis, ce sont plus de 16 millions d’euros qui ont été investis pour sa modernisation à tous les niveaux de production. De nouveaux équipements et procédés de vinification ont, par exemple, été mis en place pour favoriser la qualité. 

 

Fausto Silva, le directeur commercial.

Fausto Silva, le directeur commercial. 

 

 

Aujourd’hui, “nos vins blancs et rosés sont tous vinifiés en cuves ouvertes” nous indique Pedro Gil. “Les raisins sont complètement éraflés pour éviter toute amertume, puis délicatement foulés, afin de libérer le jus et d’initier la macération. Les baies sont ensuite pressées à l'aide de pressoirs pneumatiques, avec ou sans macération pelliculaire pré-fermentaire, ce qui nous permet d’avoir la main sur la couleur du moût et ses saveurs”. S’ensuit la clarification du jus et la fermentation qui se fait à température contrôlée pour prévenir les altérations et maîtriser le développement optimal des arômes.

 

Pour l’élaboration des vins rouges, toutes les fermentations sont également soigneusement surveillées, car de la maîtrise de la température des cuves, dépendra la qualité du vin. Mais contrairement aux blancs, trois méthodes de vinification distinctes sont utilisées : la vinification en cuves mécaniques, la macération classique avec remontage en cuves fermées, ou encore la méthode Ganimede, un système de vinification breveté, qui exploite le potentiel naturel du gaz carbonique dégagé pendant la fermentation alcoolique, pour optimiser l’extraction uniforme des composés du marc et réaliser un vin plus lisse.

 

Cette nouvelle orientation de la coopérative, fondée sur le souci du détail et la modernisation des équipements, s’est également manifestée au niveau de l’élevage des vins de la maison. L'investissement en fûts a, en effet, considérablement augmenté ces dernières années, et le chai compte actuellement plus de 1000 barriques, presque exclusivement de chêne français. 

 

Adega Cooperativa do Cartaxo mise sur la qualité, et ce sur tous les plans. À l’international, ils cherchent dorénavant à introduire, sur les marchés traditionnels et émergents, des vins “milieu de gamme” et des nectars haut de gamme, dotés de profils modernes et sophistiqués. On est loin de l’approche productiviste des débuts. Et il est clair que la nouvelle stratégie de croissance de la coopérative, basée sur la qualité, la diversification et la différenciation, porte ses fruits, puisque le volume de ventes à l'exportation a augmenté de 550 % au cours des 15 dernières années, nous assure Fausto Silva. “En 2008, les exportations représentaient environ 7 % de notre chiffre d'affaires, et aujourd'hui, elles se montent à 26 %”. Un bel exemple du succès des vins portugais sur la scène internationale actuelle ! Présentes sur plusieurs continents, les cuvées de la coopérative s’exportent principalement en France, en Pologne, en Chine, aux États-Unis, au Brésil et en Suisse. 

 

Les raisins de la coopérative

Grâce à un climat ni trop chaud ni trop océanique, les raisins de la coopérative sont particulièrement équilibrés. 

 

 

Image attrayante, communication dynamique, mise en avant des terroirs, œnotourisme… La coopérative est parvenue à s’imposer, outre par la qualité de sa production, grâce à son discours moderne et ses choix commerciaux avisés, qui répondent aux nouvelles exigences et habitudes des consommateurs. Les derniers projets en date, nous informe Fausto Silva, concernent la création de vins à faible teneur en alcool, de nectars biologiques, et d’un vin haut de gamme, réalisé exclusivement à partir de cépages régionaux traditionnels. Considérée comme l’un des plus importants producteurs de la région Tejo, la coopérative poursuit sa trajectoire prospère, et les nombreuses médailles qu’elle a reçues récemment, lors des concours internationaux, nous prouvent qu’elle est sur le bon chemin.   

 

Pedro Gil a récemment été élu « vigneron de l'année » lors de la cérémonie des Vinhos do Tejo.

Pedro Gil a récemment été élu « vigneron de l'année » lors de la cérémonie des Vinhos do Tejo.