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Par Cynthia Malacarne Photo credits: Veronafiere EnneviFoto, le 11 avril 2025
Verona reprend la première place alors que l'industrie viticole italienne affine sa stratégie mondiale.
Vinitaly 2025 a inauguré sa 57e édition à Vérone avec un message fort : le vin italien est prêt à affronter les incertitudes mondiales avec résilience et stratégie. Avec 97 000 participants venus de plus de 130 pays et 4 000 entreprises exposantes, le salon a confirmé son rôle de moteur de l’internationalisation et de l’innovation dans le monde du vin.
Plus de 30 000 acheteurs étrangers étaient présents, dont 3 000 en provenance des États-Unis, réaffirmant l’importance stratégique de ce marché — particulièrement dans un contexte marqué par des tensions géopolitiques et de nouveaux droits de douane.
Le président de Veronafiere, Federico Bricolo, a souligné l’engagement de Vinitaly à soutenir les institutions et les entreprises à l’international. Parmi les initiatives à venir : un événement promotionnel à l’ambassade d’Italie à Washington, à destination des législateurs américains, afin de renforcer les liens avant la deuxième édition de Vinitaly USA, prévue à Chicago en octobre prochain.
Mais derrière les célébrations, des discussions sérieuses ont eu lieu, portant sur les droits de douane, les blocages réglementaires et l’avenir des vins à faible teneur en alcool. Vinitaly 2025 n’a pas été seulement une vitrine d’excellence, mais aussi une caisse de résonance des préoccupations, stratégies et opportunités qui dessinent le prochain chapitre du vin italien.
Le président de Veronafiere, Federico Bricolo, a réaffirmé l'engagement de Vinitaly à soutenir les institutions et les entreprises à l'international.
L’un des sujets les plus débattus cette année fut l’impact des nouveaux droits de douane imposés par les États-Unis sur le vin italien. Selon Lamberto Frescobaldi, président de l’Unione Italiana Vini (UIV), les distributeurs américains refusent d’absorber les surcoûts, laissant les producteurs italiens sous pression pour maintenir les prix en rayon, au risque de perdre des parts de marché.
L’impact estimé ? 323 millions d’euros par an, touchant près de 480 millions de bouteilles. Frescobaldi a appelé les entreprises italiennes à rester unies et a demandé un effort collectif de toute la chaîne d’approvisionnement — détaillants et logisticiens inclus. Il a aussi exhorté le gouvernement italien à engager une action diplomatique au niveau européen, afin d’éviter un scénario similaire à celui de la France en 2020, où des droits de douane analogues avaient entraîné une chute de 28 % des exportations de vin vers les États-Unis.
Face à cette pression, l’urgence de diversifier les marchés devient cruciale. Si les États-Unis restent une pierre angulaire des exportations italiennes, dépendre d’un seul marché est une vulnérabilité que le secteur ne peut plus se permettre. Heureusement, Vinitaly 2025 a mis en lumière cette évolution : la présence d’acheteurs du Royaume-Uni a augmenté de 30 %, celle de la Belgique et des Pays-Bas de 20 %, et celle du Japon et de la Suisse de 10 %. Ces signaux confirment une demande croissante dans des pays aux consommateurs matures et orientés vers le haut de gamme, ouvrant de nouvelles perspectives de croissance pour les producteurs italiens au-delà de l’Atlantique.
Malgré ces obstacles, les États-Unis demeurent le premier marché d’exportation pour le vin italien, représentant 24 % des volumes exportés. Une relation que l’Italie ne peut se permettre d’affaiblir — un message que Vinitaly a rendu très clair.
Le segment No-Lo (sans ou à faible teneur en alcool) a suscité un grand intérêt lors de cette édition, tant pour son potentiel de croissance que pour les blocages réglementaires freinant son développement en Italie. À l’échelle mondiale, le marché devrait atteindre 3,3 milliards de dollars d’ici 2028, porté par les États-Unis qui détiennent déjà 63 % de part de marché. En Italie, cependant, les vins No-Lo ne représentent que 0,1 % des ventes.
Les producteurs dénoncent des ambiguïtés fiscales et des règles de séparation des espaces de production, rendant la fabrication nationale pratiquement impossible avant 2026. Résultat : les grandes marques italiennes externalisent le processus de désalcoolisation, ce qui nuit à leur compétitivité et freine l’innovation.
« Pendant que d’autres construisent des navires, nous dessinons encore les plans », a déclaré Martin Foradori, PDG de Tenuta J. Hofstätter, reflétant le sentiment général du secteur. Les appels à un cadre juridique clair se sont multipliés durant le salon, avec des demandes pour une « réglementation passerelle » permettant d’attirer les investissements et de protéger les pionniers face aux risques réputationnels.
Malgré les obstacles, l’intérêt des consommateurs explose. Selon l’Observatoire de l’UIV, les Italiens s’intéressent de plus en plus aux vins No-Lo, motivés par des questions de santé, de sécurité et de curiosité — notamment chez les jeunes. Avec une réglementation adaptée, ce créneau pourrait devenir un véritable levier de diversification pour les caves italiennes.
« La différenciation est la clé pour répondre aux attentes du touriste viticole d’aujourd’hui. Il ne s’agit plus seulement de montrer la cave, mais de créer des souvenirs. »
L’un des signaux les plus encourageants de Vinitaly 2025 est venu du secteur de l’œnotourisme. Le nouveau format « Vinitaly Tourism » et un rapport de référence du Movimento Turismo del Vino et du CESEO ont mis en lumière l’adaptation des domaines viticoles aux tendances expérientielles et à l’identité régionale.
L’œnotourisme italien ne se limite plus à la simple dégustation. Partout dans le pays, notamment dans le centre et le sud, les caves proposent désormais des séances de yoga dans les vignes, des circuits à vélo, des festivals avec concerts, voire des ateliers d’art en plein air. La Toscane et l’Ombrie dominent avec des expériences premium pouvant atteindre 170 €, tandis que les caves du sud misent sur le numérique et les réseaux sociaux, même si les taux de conversion restent à améliorer.
Un défi persiste toutefois : beaucoup de domaines du centre et du sud restent fermés le week-end, manquant ainsi des opportunités clés pour séduire une clientèle de passage. Malgré cela, le message est limpide : l’œnotourisme évolue rapidement et devient un levier essentiel de fidélisation et de différenciation.
Comme l’a souligné Violante Gardini Cinelli Colombini, présidente du MTV :
« La différenciation est la clé pour répondre aux attentes du touriste viticole d’aujourd’hui. Il ne s’agit plus seulement de montrer la cave, mais de créer des souvenirs. »
Vinitaly 2025 a attiré 97 000 participants venus de plus de 130 pays et 4 000 entreprises exposantes.
Vinitaly 2025 s’est clôturé sur une dynamique positive : +7 % d’acheteurs étrangers, des performances solides sur les marchés clés (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne) et un fort engouement pour les secteurs émergents comme le No-Lo et l’œnotourisme. Malgré une baisse de 20 % des visiteurs chinois, la présence internationale reste robuste.
Pour la première fois, deux commissaires européens ont visité le salon, soulignant son poids croissant dans les discussions politiques. Avec de nouvelles négociations commerciales et des réformes réglementaires à venir, Vinitaly n’est plus seulement un salon. C’est une scène où se négocie l’avenir du vin italien — tendance par tendance, accord après accord.
Alors que le secteur se prépare à affronter l’incertitude, une chose est sûre depuis Vérone : le vin italien ne recule pas, il s’adapte.
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